Un programme d’aide à l’éducation donne des ailes aux Tanzaniennes
Récits
Hapyness était déterminée à poursuivre ses études. Malheureusement, une grossesse inattendue l’a obligée à quitter l’école, mettant du même coup ses rêves d’avenir en péril. Bref, elle risquait de venir grossir les rangs déjà nombreux des adolescentes monoparentales sans diplôme dans la région de Shinyanga, en Tanzanie.
D’après le rapport 2015-2016 de l’enquête tanzanienne sur la démographie et la santé, 78 % des femmes mariées de 15 à 49 ans sont victimes de violence sexiste. La région de Shinyanga établit également un triste record, avec 59 % des mariages précoces au pays. Sans compter les grossesses chez les filles de moins de 18 ans, qui s’élèvent à 34 %. Et Hapyness s’apprêtait à faire partie de cette statistique.
Coup du sort, son bébé est décédé peu après sa naissance, laissant Hapyness perdue, déboussolée et dépossédée de tous ses repères. Elle craignait de se retrouver dans la même situation que sa mère, qui s’était débattue toute sa vie pour élever ses enfants seule après sa séparation.
L’avenir de l’adolescente de 19 ans était sombre et ses perspectives semblaient plus qu’incertaines.
Heureusement, elle eut la chance de rencontrer sur son passage l’AGAPE Knowledge Open School (AKOS), une école soutenue par Cuso International. Résultat : elle a trouvé un nouveau sens à sa vie et s’est remise à croire en elle.
Le programme de l’AKOS vient en aide aux femmes, aux filles et aux enfants afin de promouvoir l’égalité homme-femme et l’inclusion sociale dans la région de Shinyanga. Il vise principalement les quatre secteurs suivants :
- la protection de l’enfance et de la jeunesse;
- la prévention de la violence sexiste, des mariages précoces et des grossesses précoces;
- l’éducation parentale;
- l’autonomisation de femmes et de jeunes.
S’étant inscrite à l’AKOS, Hapyness a reçu l’aide nécessaire pour reprendre ses études. Grâce aux coopérants-volontaires de Cuso et aux enseignants du programme, elle s’est sentie soutenue et bien outillée quand elle est retournée sur les bancs d’école. « Avec l’aide des enseignants de Cuso International, je suis maintenant capable d’apprendre toutes mes matières », souligne Hapyness.
D’ailleurs, la jeune femme n’a pas seulement eu droit à de l’aide dans ses études. Elle a aussi pu profiter du service de réparation du centre et des repas offerts aux participants pour qu’ils puissent se concentrer sur leurs études.
De plus, elle a eu l’occasion d’apprendre l’anglais, ce qui l’a remplie de joie, car elle est convaincue que maîtriser cette langue sera un atout de taille plus tard. « Au début, je ne pouvais pas parler anglais. Maintenant, j’arrive à m’exprimer dans cette langue », raconte-t-elle fièrement.
Hapyness a également pu constater que le programme aidait d’autres jeunes femmes comme elle. « Les filles du programme ont toutes rencontré des difficultés différentes, constate Happyness. Certaines se sont mariées très jeunes, d’autres ont été abandonnées par leurs parents et d’autres ont grandi dans un contexte de pauvreté et de violence. Mais nous voulons toutes étudier pour atteindre nos objectifs. »
Hapyness est profondément inspirée par les anciennes participantes d’AKOS qui ont terminé leur secondaire. « Elles sont actuellement à l’université, en train de réaliser leur rêve », souligne-t-elle.
Déterminée à suivre leurs traces et remplie d’un regain d’optimisme quant à son avenir, on peut dire que Hapyness porte maintenant très bien son nom. « Je suis très heureuse. Et je suis en paix parce que mon souhait le plus profond était de poursuivre mes études », explique-t-elle en ajoutant du même souffle qu’elle veut devenir médecin.
« Je veux aussi militer pour les droits des filles, ajoute-t-elle. J’aimerais les aider à faire des études, à se libérer des croyances traditionnelles cruelles et à éviter les comportements qui peuvent nuire à leurs projets. »
Hapyness est la preuve vivante de l’impact énorme que peuvent avoir Cuso International et les programmes comme AKOS dans la vie des femmes et des filles. « Lorsque les femmes sont bien outillées, elles peuvent aller loin, souligne Hapyness. J’espère qu’un jour les Tanzaniennes auront l’occasion de contribuer activement à nos communautés et qu’elles pourront accomplir tout ce qu’elles voudront. »