Qu’est-ce que la violence basée sur le genre ? Sarah Pentlow, experte en genre, explique
Récits
Sarah Pentlow, consultante de Cuso International en matière d’égalité entre les sexes et d’inclusion sociale, a récemment participé à notre série de webinaires sur le thème de mettre fin à la violence sexiste. Ici, elle explique ce que cela signifie.
Qu’entend-on par « normes de genre » ?
Mettons d’abord les choses au clair : lorsque nous parlons de genre, nous parlons de quelque chose qui est beaucoup plus nuancé que le sexe biologique d’une personne. Le genre est l’identité socialement construite qu’une personne assume et parmi de nombreux facteurs, il est fortement influencé par la culture.
Lorsque nous parlons de normes sexospécifiques, nous faisons référence aux facteurs sous-jacents d’une culture donnée qui dictent la façon dont les hommes et les femmes interagissent entre eux, les attentes quant à la façon dont ils doivent se comporter et la façon dont ils sont socialisés comme enfants.
Il peut s’agir de quelque chose d’aussi simple que le type de jouet que vous donnez à un enfant selon le sexe que vous pensez qu’il ou elle est ou aller jusqu’à influencer qui est le principal responsable des soins dans une unité familiale. Cela peut même être utilisé pour justifier des comportements nuisibles en se référant à l’adage : « Après tout, les garçons seront toujours des garçons » suggérant que certains actes violents font partie de leur ADN.
Comment ces normes sexospécifiques affectent-elles les femmes ?
Dans de nombreux pays où Cuso International travaille, les femmes ont de nombreux désavantages liés aux normes de genre—à commencer dès leur plus jeune âge où les filles plus souvent que les garçons peuvent ne pas être envoyées à l’école si les revenus familiaux sont limités—le fait que les jeunes femmes se marient et aient des enfants dès leur jeune âge désavantage également les femmes car cela les rend financièrement dépendantes des hommes et dans les pays où le système de santé fait défaut, elles risquent beaucoup plus de mourir.
Souvent, les femmes n’ont pas le pouvoir de prendre des décisions au sein du foyer, ni même le droit légal de posséder des biens dans certains contextes. Comme je l’ai mentionné plus haut, ces normes sexospécifiques peuvent justifier des comportements préjudiciables et, dans de nombreux pays, la manière socialement acceptée de prouver la masculinité est d’exercer un pouvoir sur les femmes qui, dans de nombreux cas, conduit à la violence—qu’elle soit physique, sexuelle, psychologique ou autre.
Que peut-on faire pour réduire et mettre fin à la violence sexiste ?
Tout d’abord, je pense qu’il faut commencer par l’éducation et amener les gens à comprendre le lien entre la culture et le genre et à accepter que ces normes ne doivent pas être tolérées. Les cultures changent sans cesse et il est toujours possible pour les gens de s’accrocher à leurs valeurs sans les exprimer de manière nuisible.
L’un des domaines dans lesquels nous le faisons est notre travail autour des masculinités où, à travers une série d’ateliers, les participants (principalement des jeunes hommes) sont invités à réfléchir aux messages qu’ils ont reçus sur ce qu’est « être un homme » et comment ils peuvent se repenser/se reconnaître d’une manière qui ne soit pas nuisible pour les femmes.
Parce que les normes de genre sont liées à la croyance et à la culture, il est efficace de travailler avec et d’impliquer la communauté et les chefs religieux dans ces discussions car, dans de nombreux endroits, les gens écouteront et suivront ce que leur disent les personnes en situation d’autorité. Au Nigéria, par exemple, Cuso International a organisé des assemblées publiques auxquelles ont participé des membres de la communauté et des chefs locaux pour parler de la question de la violence sexiste.
Qu’entend-on par « approche transformatrice » et qu’est-ce que le continuum de l’égalité entre les sexes ?
Lorsque nous parlons d’éradiquer la violence, cela exige une transformation complète de la culture, ce qui est parfois beaucoup plus ancré que nous ne le pensons.
Je suis actuellement au Royaume-Uni et des études ont montré que lorsque l’Angleterre perd un match de football, les incidents de violence à la maison augmentent et, dans certains cas extrêmes, il y a eu des flambées de violence dans les stades ou les rues après un match. Personne n’appelle cela de la violence sexospécifique parce que la « culture des garçons » est si largement acceptée comme faisant partie de la vie.
Il existe un outil auquel de fais référence lors de mes ateliers et qui est appeler le continuum de l’égalité entre les sexes où, d’un côté, il y a la méconnaissance de l’influence des croyances sur la vie quotidienne, et de l’autre, il y a un processus de sensibilisation aux questions de genre où les gens peuvent alors commencer à agir pour répondre à ces problèmes. Cependant, il ne suffit pas de le laisser là, car cela ne fait que maintenir les choses telles qu’elles sont.
La dernière extrémité du spectre est ce lieu de transformation et c’est là que Cuso International veut aller dans notre travail sur la violence basée sur le genre.
Comment le travail de Cuso aide-t-il la situation en ce moment ?
Une fois que vous commencez à déballer ce sujet, vous commencez à voir que la violence basée sur le genre apparaît dans de nombreux domaines différents de la vie : soins de santé, autonomisation économique, bien-être social.
C’est pourquoi Cuso inclut des activités liées à ce thème dans tous ses projets, qu’il s’agisse d’élaborer des politiques de lutte contre le harcèlement au travail, d’aider les pères à jouer un rôle plus actif à la maison en tant qu’aidants naturels ou de travailler avec les communautés pour tenir des discussions et remettre en question les normes sexistes. La lutte contre la violence sexiste est essentielle pour assurer la pleine participation des femmes et instaurer une société plus pacifique et durable.