Perspectives : Les jeunes de Las Gardenias

Récits

Woman smiling in front of a brick wall

Par Allison Vickery, coopérante-volontaire, conseillère en recherche pour le projet SCOPE Travailler avec les jeunes marginalisés de Barranquilla en Colombie, ne faisait pas partie du mandat de départ d’Allison Vickery. Pourtant, c’est devenu l’un de ses volets phares. Voici son récit personnel sur cette expérience. 

Las Gardenias est l’une des plus grandes habitations subventionnées de la Colombie. Plus de 20 000 personnes y habitent. Or, le secteur est reconnu pour son taux élevé de violence. Après le décès d’un adolescent en juin 2018, il est devenu évident qu’une intervention urgente était nécessaire. 

Les représentants de plusieurs services de l’administration municipale de Barranquilla ont donc formé un comité pour promouvoir la coexistence pacifique chez les jeunes de Las Gardenias.  

Comme j’étais coopérante-volontaire auprès du Secrétariat au développement économique de la ville de Barranquilla, j’ai eu la chance de faire partie du comité et de travailler avec les jeunes vulnérables.  

Je suis arrivée alors que prenait fin la première phase du projet. Vingt-deux jeunes du secteur ont participé à l’exploration initiale. Ils ont expliqué que l’ennui et le manque de possibilité de formation et d’emploi menaient souvent à des comportements délinquants.  

Le comité et le Secrétariat au développement économique ont donc créé des liens entre ces jeunes et des employeurs, ce qui a mené à l’embauche de plusieurs d’entre eux. Malheureusement, la majorité des participants (67 %) ont quitté leur emploi au cours des 30 premiers jours. Seulement l’un d’eux l’a conservé après le deuxième mois.  

Avec l’aide des psychologues du gouvernement, j’ai soulevé la nécessité d’intervenir de façon globale afin de mieux préparer ces jeunes au marché du travail. Ensemble, nous avons élaboré un plan psychosocial qui prévoyait des visites à domicile, des rencontres avec les familles, des initiations au travail et des ateliers de développement personnel.  

Nous avons découvert que la plupart des jeunes n’avaient pas terminé leur secondaire. Nous avons donc modifié le plan et commencé des ateliers axés sur les savoir-être, comme la coexistence pacifique, la résolution de conflits, le leadership et le travail d’équipe.  

La dernière étape de notre plan portait sur l’initiation au travail. Avec l’aide du Secrétariat au développement économique, j’ai dirigé des ateliers sur les comportements et le code vestimentaire en milieu de travail, la rédaction de curriculum vitæ, la façon de répondre aux questions lors d’une entrevue et l’importance de la rigueur et de la responsabilité personnelle au travail. Les jeunes ont aussi eu accès à plusieurs possibilités de développement professionnel grâce au Service national d’apprentissage (une école technique), au Secrétariat à l’éducation et à une fondation privée. 

Pour ma part, l’aspect le plus exceptionnel de ce projet fut les changements majeurs que j’ai constatés chez les jeunes. Nous avons réussi à organiser un salon de l’emploi à Las Gardenias à la fin du projet. J’étais fière de voir arriver les jeunes vêtus de leur plus belle chemise, leur curriculum vitæ à la main.   Cinquante-huit jeunes ont participé à un salon de l’emploi, et plus de 160 personnes ont reçu de l’aide grâce à ce programme.

Ces jeunes avaient la capacité de réussir avant même de participer au projet. Ils avaient simplement besoin de prendre conscience des possibilités qui s’offraient à eux. Je me sens extrêmement privilégiée d’avoir pu participer à ce nouveau chapitre de la vie des jeunes de Barranquilla.