Marcher vers l’avenir aux côtés des Birmanes

Récits

Women talking around table

Il y a six mois, je travaillais avec l’un des plus grands et plus anciens organismes canadiens qui œuvrent auprès des femmes et des fillettes. J’ai eu la chance d’obtenir un emploi stable et sécuritaire dans un domaine qui me passionnait. J’ai également eu le privilège de travailler avec un gestionnaire compréhensif. Même si le voyage fait partie intégrante de ma vie, j’avais encore le sentiment, au plus profond de moi-même, que je devais sortir de ma zone de confort, tant au niveau professionnel que personnel.

Je suis arrivée à Yangon, au Myanmar (Birmanie) le dimanche 5 juin 2016. J’avais pour mandat d’agir comme conseillère en matière d’égalité homme-femme auprès de la Women’s Initiatives Platform. Cette ONG s’est donné pour mission d’éliminer la violence faite aux femmes et d’accroître la participation des femmes dans la vie politique birmane.

Partir pour le Myanmar s’est avéré l’une des meilleures décisions de ma vie! D’un point de vue personnel, mon séjour dans ce pays fut absolument incroyable. Sous le joug d’un gouvernement militaire, le Myanmar n’est pas parvenu à développer son industrie touristique au même rythme que ses voisins, comme la Thaïlande. Cela signifie que le paysage birman est resté pratiquement intact, vierge des transformations inhérentes à la mondialisation. Les voyageurs peuvent donc profiter pleinement de la culture et du mode de vie traditionnels birmans.

Du point de vue professionnel, j’occupe actuellement le poste le plus intéressant et le plus complexe de toute ma carrière! Étant donné que le gouvernement militaire ne laissait pas de place aux femmes, elles ont été exclues de la fonction publique et de l’arène politique pendant près de 50 ans. Maintenant que le Myanmar est doté d’un régime gouvernemental semi-civil, on voit des femmes occuper des rôles de pouvoir : activistes, leaders, politiciennes, etc. Toutefois, étant donné leur longue exclusion du monde politique, bien des femmes n’ont ni la formation ni l’expérience nécessaire pour parler en public, négocier ou élaborer des politiques.

Mettre fin à la violence

Comme dans bien des pays, la violence faite aux femmes (particulièrement la violence conjugale) est très répandue, et trop souvent perçue comme relevant du domaine privé. De plus, le préjugé sexiste implicite du système judiciaire (dont les juges, les avocats et les policiers sont principalement des hommes) désavantage les femmes.

La violence faite aux femmes et la participation des femmes à la vie politique sont les deux principaux secteurs d’intervention de la Women’s Initiatives Platform. Mon poste de conseillère en matière d’égalité homme-femme comprend différentes responsabilités : rédaction de projets et de demandes, rédaction de rapports, création de sites Web, création et animation d’ateliers et plus encore! Au mois d’août 2016, j’ai donné une formation de deux jours sur l’égalité homme-femme à 20 femmes activistes de partout au pays. J’en ai profité pour instaurer une dynamique d’apprentissage mutuel. Je leur ai transmis mes connaissances générales sur les inégalités homme-femme et je leur ai proposé des solutions. Ensuite, je leur ai demandé de partager leurs expériences en matière d’inégalités sociales, économiques et politiques. Ce fut absolument fabuleux! Ces femmes sont extraordinaires!

Même si la loi protège officiellement les femmes contre la violence (et les autorise à voter, à se présenter aux élections et à posséder des biens), ces droits ne se concrétisent pas toujours dans la vraie vie. Les traditions, les coutumes et les normes sociales empêchent encore les femmes à accéder au pouvoir. À certains endroits, les femmes ne peuvent même pas briguer des postes de chef du village ou de fonctionnaire. Lorsqu’une femme à la tête d’une entreprise essuie un échec, la communauté croit bien souvent que c’est parce que c’est une femme. Alors que cet échec pourrait fort probablement s’expliquer par son manque d’éducation, de formation ou de mentorat, ou tout simplement être dû à une simple malchance…

Des coopérants-volontaires au cœur des communautés

L’une des responsabilités des coopérants-volontaires est de remettre en question les traditions et les coutumes qui nuisent au développement, au progrès et au respect des droits de la personne. Pour y arriver, nous devons offrir aux activistes et à nos alliés sur le terrain le soutien dont ils ont besoin pour s’organiser, se faire entendre et défendre leurs droits. Si les ONG locales ont la passion et la vision nécessaires pour changer les choses, elles manquent parfois d’outils pour y parvenir. C’est là que les coopérants-volontaires jouent un rôle crucial. Conseillers en matière d’égalité homme-femme, spécialistes en communication, conseillers financiers ou professeurs de langue, ces hommes et ces femmes ont une chose en commun : la volonté de partager bénévolement leurs savoir-faire afin de changer le monde, d’autonomiser les activistes et de contribuer au développement durable. Quel que soit notre bagage professionnel, nous pouvons offrir une assistance technique, mettre en place des procédures plus efficaces, faire du mentorat et partager nos connaissances.

Le Myanmar devrait encore connaître de profondes mutations sociales et économiques, même s’il faudra des années avant d’en voir les effets concrets sur le terrain. Aussi longtemps que des coopérants-volontaires partageront leurs compétences partout sur la planète, le monde continuera à voir naître et fleurir le changement et le développement.

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