Fierté, confiance et indépendance au menu pour une jeune agroentrepreneure
Récits
La vie de Jesca est sous le signe de la croissance ces derniers temps : croissance de sa culture de piments habaneros, croissance de sa confiance en elle et croissance de ses compétences en affaires. Bref, son avenir s’annonce rayonnant et son indépendance financière à portée de main.
La jeune femme de 21 ans, qui étudie l’agriculture, est en train de bâtir une agroentreprise prospère. Elle vend déjà ses récoltes dans plusieurs marchés tanzaniens.
Cette cadette d’une fratrie de cinq enfants a grandi dans la région du Kilimandjaro. Son enfance n’a pas été toujours rose. Son père est décédé très tôt, laissant sa mère seule avec de jeunes enfants. Fragilisée et désorientée, Jesca a suivi le conseil d’une de ses sœurs aînées, qui l’encourageait à trouver des moyens de faire des études.
« Elle m’a convaincue d’aller à l’école pour améliorer mon sort », explique-t-elle.
C’est alors qu’elle a découvert un programme taillé sur mesure pour elle : le Modèle d’affaires kizimba soutenu par Cuso International, offert dans la région de Morogoro, en Tanzanie.
Ce projet mené par la Sokoine University Graduate Entrepreneurs Cooperative (SUGECO) encourage les femmes et les jeunes comme Jesca à se créer un emploi en agriculture et en agroalimentaire.
Avec l’aide des gouvernements locaux, des universités et de partenaires du secteur privé, le Modèle d’affaires kizimba offre aux personnes participantes des lopins de terre destinés à la culture de denrées très recherchées, comme les mangues, le soya et les piments chilis.
De plus, les volontaires de Cuso International donnent un coup de pouce aux participants et participantes dans différents domaines : gestion d’agroentreprises, finances et ingénierie agricole, par exemple.
À ce jour, plus de 1 000 acres ont été consacrées au projet, notamment dans le cadre d’un projet pilote de culture du piment habanero dans la région de Morogoro. Et les résultats sont prometteurs pour les néophytes à la fibre entrepreneuriale comme Jesca.
Avec l’aide de sa sœur et de ses amies, Jesca a défriché son lopin de terre et y a planté sa première récolte de piments habaneros en avril dernier. Depuis, elle a acquis de précieuses compétences dans les cours sur la gestion des cultures, la condition et la préparation du sol, l’irrigation et les maladies des cultures qu’elle suit à la SUGECO.
« Je sais maintenant comment gérer une ferme », souligne-t-elle.
En devant entrepreneure, Jesca s’évite certaines des difficultés rencontrées par bien des femmes de sa région. Par exemple, malgré leur grand nombre, les femmes sont souvent exploitées, reçoivent une maigre part des profits de la vente des cultures et ont difficilement accès aux marchés. De plus, elles ont rarement la chance de participer à la gestion des élevages ou de posséder une terre.
Pourtant, elles doivent prendre soin de leurs enfants et de leur mari et effectuer toutes les tâches ménagères (cuisine, lessive, rapiéçage, ménage, etc.), en plus de faire du petit commerce pour contribuer aux revenus de la maisonnée.
Malheureusement, ce contrôle patriarcal a des conséquences désastreuses : faibles revenus, accès limité à l’éducation et aux ressources et violence sexiste, notamment.
Déterminée à éviter cet écueil, Jesca voit son avenir d’un tout autre œil.
Toutefois, la culture du chili n’est pas exempte de difficultés. Il faut surmonter des problèmes liés à l’irrigation, à la carence des sols, aux maladies et aux situations météorologiques dues aux changements climatiques, entre autres choses.
De plus, Jesca doit jongler avec ses études et le dur labeur exigé par la culture de piments. Mais elle est prête à travailler d’arrache-pied et à surmonter toutes les difficultés grâce à ses connaissances et son savoir-faire.
Elle est d’ailleurs très fière d’être propriétaire d’une entreprise et de gagner de l’argent. « Ma vie a complètement changé, puisque tout cela m’appartient », ajoute Jesca.
La jeune femme, qui a aujourd’hui tout pour réussir, souhaite maintenant partager ses nouvelles connaissances avec sa famille et ses voisins, qui utilisent encore des méthodes agricoles obsolètes.
« Je tiens plus que tout que ma famille adopte des méthodes agricoles plus modernes », explique Jesca en ajoutant du même souffle qu’elle souhaite également transmettre ses connaissances et ses compétences à toute la population de son village.
Jesca rêve également de posséder son propre lopin de terre dans la région de Morogoro et de gérer sa ferme, où elle cultiverait toutes sortes de choses. « Je vais utiliser tout ce que j’ai appris pour y parvenir », déclare-t-elle.
En attendant, elle encourage les jeunes femmes à s’inscrire aux programmes de la SUGECO et de Cuso International afin d’acquérir les compétences nécessaires pour se lancer en affaires.
« Je leur dis qu’elles peuvent y apprendre plein de choses et que les gens y sont très gentils. Ils enseignent de façon concrète et accessible », conclut-elle.