Développer la fibre entrepreneuriale des Honduriennes

Récits

LA PAZ - Santos María Gómez3

María Gómez Ándres entretient avec beaucoup de soin un parterre de fleurs dans sa cour. En période de grande chaleur, elle peut nager et se rafraîchir dans la rivière qui coule tout près. María travaille d’arrache-pied pour nourrir ses sept enfants, malgré les difficultés supplémentaires dues à son manque d’éducation.

María, qui a grandi à Palagua, au Honduras, a eu une enfance difficile. Cette femme de 39 ans n’avait que 10 ans lorsque sa mère est décédée. « Nous ne pouvions pas la faire soigner à l’hôpital, parce qu’il n’y en avait pas près de chez nous. Et de toute façon, nous n’avions pas d’argent », explique-t-elle.

À cette époque, María était en deuxième année. Elle a malheureusement dû quitter l’école pour effectuer les tâches ménagères et s’occuper de sa sœur d’un an et de ses frères de quatre et onze ans. Malgré leur précarité financière, María souligne que sa famille était heureuse et s’efforçait de tirer le meilleur de la situation.

Il est courant de commencer à travailler très jeune dans les villages honduriens comme celui de María. Traditionnellement, le rôle de la femme se résume aux tâches ménagères et domestiques. Les fillettes fréquentent l’école, mais consacrent tous leurs temps libres à donner un coup de main à la maison.

Aujourd’hui, en voyant ses enfants étudier, María est ravie d’apprendre avec eux. L’une de ses plus grandes fiertés est d’ailleurs de ne plus avoir à leur demander de l’aide pour lire des documents. Désireuse de poursuivre son apprentissage, elle a décidé de s’inscrire à une formation dirigée par Cuso International, à laquelle participaient 91 autres femmes.

Cette formation fait partie d’un programme de Cuso International qui vise le développement des capacités entrepreneuriales et l’acquisition d’outils pour accroître la sécurité alimentaire des personnes migrantes. María fait maintenant partie d’un groupe de femmes qui promeut le développement inclusif et durable à l’échelle locale. Résultat : elle a rencontré de nombreuses femmes qui se trouvent dans une situation similaire à la sienne.
Le programme fait partie de la formation en adaptation climatique destinée aux municipalités et aux entreprises agroalimentaires du Programme alimentaire mondial, qui cherche à accroître la résilience et la sécurité alimentaire en offrant à de petites productrices de la formation en affaires favorable à l’égalité des genres, ainsi qu’un accès à des groupes d’épargne et de crédit.

« La démarche dans son ensemble m’a permis d’apprendre, d’expérimenter et de développer de nouveaux champs d’intérêt. Je sais maintenant comment épargner. Je n’avais pas un sou de côté avant. Maintenant, j’ai un fonds d’urgence », explique María.

La formation lui a permis de voir les choses différemment et de transmettre ses nouvelles connaissances à ses pairs. Elle est maintenant présidente de l’Unión y Esfuerzo, un groupe d’économie solidaire de Palagua. Le groupe administre le capital collectif, octroie des prêts et répond aux besoins et aux urgences, explique María.
« La formation nous donne accès aux connaissances et aux outils nécessaires pour avancer. Si elle n’existait pas, nous serions dans une impasse », ajoute-t-elle.

María souhaite désormais acheter un petit lopin de terre. Elle souhaite également continuer à progresser et à assurer le bien-être de sa famille et de sa communauté. Elle espère aussi que les Honduriennes soient mieux traitées, qu’elles aient de meilleures possibilités d’avenir et d’emploi et qu’elles aient plus facilement accès à des prêts, à une éducation et à des services de santé.