Changer de cadre transforme la perspective que l’on a sur le monde

Récits

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Mieux comprendre le monde et en apprendre sur différentes cultures, c’est ce qui me motive ! La coopération internationale était un rêve de longue date et le mandat avec l’Association Saint-Camille de Lellis, un réseau de centres d’hébergement pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale, me tient à cœur.

Quelle a été votre implication au sein de cet organisme ?

Mon rôle était officiellement d’offrir de la formation en techniques de bureau. J’ai longtemps travaillé comme analyste d’affaires et administratrice de systèmes informatiques, alors j’ai aidé l’administration à examiner ses façons de faire et à trouver des solutions pour mieux servir la communauté : améliorer la gestion des dossiers des patients et faire des changements aux formulaires, par exemple. La plupart des employés de la Saint-Camille sont des personnes souffrant de troubles mentaux. Il y a beaucoup de roulement, puisque lorsqu’elles sont stabilisées, elles repartent ! Il faut donc assurer la continuité. Mon mandat était court, mais je compte continuer à les aider à distance et même y retourner !

Sur le plan culturel, quelle a été votre relation avec les Béninois ?

Très bien ; les Béninois sont des gens réservés, mais il suffit de s’intéresser à eux pour constater qu’ils sont très accueillants, très gentils. Pendant mon séjour, j’ai développé des relations extraordinaires avec des gens qui me manquent beaucoup maintenant !

Il faut surtout prendre le temps de comprendre leur culture. Les Béninois suivent leur propre horaire de travail ; le rythme est beaucoup plus lent qu’ici. Mais leur système fonctionne, même s’il ne correspond pas à nos normes ! Ma formation et mes compétences de coach m’ont été très utiles : je suis arrivée avec beaucoup d’humilité, d’ouverture et de respect.

À quels défis avez-vous été confrontée ?

L’humidité, qui détruit les ordinateurs et les téléphones, et nous fait transpirer en permanence. Physiquement, c’est très exigeant !

Notre notion de confort est aussi mise à l’épreuve. J’étais très bien logée dans l’appartement fourni par Cuso International, mais les pannes de courant sont fréquentes et on manque parfois d’eau.

Devenir la minorité visible transforme aussi notre perspective. On nous rappelle à chaque instant notre différence. Dans les rues, les gens nous interpellent en criant « yovo », ce qui veut dire « Blanc ». Et bien sûr, les « prix yovos » sont plus élevés… Mais j’ai appris à négocier et à faire ma place !

Qu’est-ce que ce séjour vous a apporté ?

Il m’a donné l’énergie pour poursuivre dans la voie que je me suis tracée. J’ai un projet d’affaires qui vise à aider les professionnels à se lancer dans des expériences de coopération. Je veux aider ceux qui veulent sortir des sentiers battus, apprendre à se connaître et apporter à la société. Je compte jouer un rôle de connecteur et de coach en coopération. Depuis mon séjour au Bénin, je suis encore plus optimiste. J’ai le vent dans les voiles !

À qui recommandez-vous ce type d’expérience, et quels conseils leur donneriez-vous ?

À ceux qui ont besoin de se ressourcer ou d’explorer une nouvelle avenue dans leur carrière. Changer de cadre de référence transforme la perspective que l’on a sur le monde. C’est aussi une expérience intéressante pour ceux qui cherchent des occasions d’affaires à l’étranger : au Bénin et dans d’autres pays d’Afrique, il y en a plein !

Comme coopérant-volontaire, par contre, on ne doit pas s’attendre à tout changer. Il faut arriver sans attentes, être soi-même, accepter les différences et les contraintes. La polyvalence est une qualité extraordinaire !

Il ne faut d’ailleurs pas trop s’arrêter aux descriptions de poste. J’ai accepté un mandat dont les exigences étaient bien en deçà de mes compétences, mais je pense avoir apporté beaucoup à la Saint-Camille, et vice versa. Mais surtout, ce que je veux dire aux professionnels, c’est « Osez ! » Les besoins sont grands et votre apport aura une grande valeur.