Madame Sabine doit composer avec des changements climatiques auxquels ses parents et ses grands-parents n’ont jamais eu à faire face. Une situation météo instable, des précipitations irrégulières et un nombre accru de sécheresses, d’inondations et de tempêtes de vent font de l’agriculture un moyen de subsistance de plus en plus précaire au Cameroun.
Quand on ajoute la pandémie de COVID-19 à l’équation, les conséquences sont dévastatrices, surtout pour les femmes. Il est donc plus important que jamais de continuer à partager nos savoirs et nos savoir-faire avec ces cultivatrices. L’utilisation de semences résistantes à la sécheresse et de techniques agricoles durables et adaptées aux changements climatiques sera essentielle pour assurer la survie de ces femmes et de leur famille après la pandémie.
« Ce sont principalement les femmes qui œuvrent en agriculture, explique Madame Sabine, dont la famille cultive la terre depuis des générations. Ce sont les femmes qui nourrissent leur famille. »
Pourtant, elles n’ont pas accès à l’information (comme des alertes météo) aussi aisément que les hommes. Résultat : la productivité et les profits des femmes sont moins élevés que ceux des hommes.
Madame Benda, qui descend d’une longue lignée de petits cultivateurs, peut en témoigner. Elle se souvient encore de l’époque où elle était capable de prévoir la météo… Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui.
« Nous savions quand arriveraient de faibles pluies et quand nous préparer pour les pluies abondantes, explique-t-elle. Maintenant, la météo est imprévisible. Je n’ai pas pu planter mon maïs à la date prévue parce qu’il n’a pas plu. »
Madame Sabine et Madame Benda sont parmi les 40 cultivatrices qui participent au projet Accroître la résilience des cultivatrices que Cuso International a mis en place dans la commune d’Awaé, à une cinquantaine de kilomètres de Yaoundé, la capitale camerounaise.
Le projet, l’un des trois choisis par les anciens de Cuso International dans le cadre du Fonds pour l’innovation, vise à réduire l’écart entre les femmes et les hommes en agriculture.
Nelly Rakotozafy, une coopérante-volontaire de Cuso International, fait partie des têtes dirigeantes du projet. Les participantes ont reçu des semences sélectionnées pour le climat changeant du pays, ainsi que de la formation sur des techniques agricoles plus performantes, dont une application pour téléphone intelligent!
« Je travaille avec ces femmes depuis quelques mois déjà. Elles ont beaucoup à dire sur l’impact des changements climatiques sur leur vie, raconte Nelly. Cette application leur donne de l’information sur les prévisions météo pour la journée, et même d’heure en heure. Si l’on prévoit une tempête, elles peuvent décider d’ensemencer leur champ plus tard. »
En plus des prévisions météo, l’application mobile propose l’information abordée pendant les formations et permet aux cultivatrices de discuter de leurs expériences et de demander des conseils sur un forum de discussion. « Si l’une des femmes rencontre des difficultés avec son maïs, elle peut en discuter avec le groupe. Une autre femme pourrait avoir des trucs à lui donner », souligne Nelly.
Dans un pays où l’agriculture représente près de 70 % de l’économie, une croissance économique durable, l’inclusion et l’égalité homme-femme sont essentielles pour améliorer la résilience climatique et la sécurité alimentaire.
Des stations météorologiques mobiles ont été installées à Awaé et Edéa afin que les cultivatrices puissent accéder à des données fiables à partir de leur téléphone.
Le projet pilote de Cuso International est une initiative menée conjointement avec le ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature et le ministère de l’Agriculture, du développement durable et l’Institut de recherche agricole pour le développement du Cameroun.
Vous pouvez aider encore plus de cultivatrices comme Madame Sabine et Madame Benda en faisant un don en leur nom. Dans la foulée de la pandémie de COVID-19, le travail de Cuso International est plus important que jamais.