Des femmes et des mères deviennent des « agentes de transformation communautaire » au Cameroun
Récits
Odette Kamanzi explique que c’est son cœur et les femmes avec qui elle a travaillé lors de ses précédentes affectations qui l’ont poussée à faire un troisième mandat au Cameroun.
« Je me demandais comment elles allaient et ce qu’elles avaient vécu au cours des deux dernières années », précise Odette, qui est retournée au Cameroun en novembre 2021 comme conseillère en égalité des sexes.
Odette a maintenant quelques mois pour se replonger dans son travail et reprendre contact avec certaines des Camerounaises avec qui elle a travaillé dans le passé. Elle a eu le plaisir de découvrir que bon nombre d’entre elles allaient très bien et dirigeaient des entreprises prospères, le tout grâce au travail effectué dans ses ateliers d’autonomisation des femmes.
Nous sommes en contact, c’est ce qui rend le travail si stimulant, explique Odette, la première coopérante-volontaire canadienne à retourner sur le terrain depuis le début de la pandémie de COVID-19. Christine, l’une des femmes avec qui j’ai parlé m’a dit que cela avait changé le cours de choses pour elle et ses proches. Elle a un champ de plantains et elle a augmenté sa production et a commencé à fabriquer et à vendre des produits à base de plantains. Christine dispose désormais d’un revenu fiable pour subvenir aux besoins de sa famille, et elle s’adresse également à d’autres femmes. »
Odette travaille actuellement avec Queens for Peace, un groupe soutenu par Women in Alternative Action qui réunit les « Reines » du Cameroun (épouses des chefs et des rois locaux). Elle s’associe à ce partenaire local de Cuso International pour mettre fin au mariage précoce et à la violence faite aux femmes. Ce groupe de leaders féminins est très respecté au Cameroun : lorsque ces femmes prennent la parole sur des sujets et des pratiques culturelles controversés, les gens les écoutent.
Ce mois-ci, Odette donnera des formations aux membres de Queens for Peace afin de les informer des risques liés aux mariages précoces. Elle leur fournira également des trousses faciles d’emploi que les « Reines » pourront utiliser pour sensibiliser leur communauté à cet enjeu.
« C’est une excellente initiative parce qu’elle s’appuie sur une stratégie d’apprentissage par les pairs. Il suffit de doter les mères des outils nécessaires pour résoudre le problème du mariage précoce, particulièrement en cette période de crise sanitaire, précise Odette. Bien des filles sont obligées de se marier, c’est donc le moment d’intervenir. […] Nous devons agir maintenant. »
Odette souligne par ailleurs qu’elle participera aussi à l’élaboration d’un outil d’évaluation qui servira à mesurer périodiquement les changements survenus dans les communautés.
Pour Odette, le plus beau dans son travail est la transformation qu’elle observe lorsque des femmes et des leaders féminins ont la chance d’obtenir de l’information sur les conséquences négatives du mariage précoce.
« Nous les aidons à devenir des agentes de transformation communautaire. Nous contribuons à offrir un avenir meilleur aux filles camerounaises. »