Un programme aide une réfugiée camerounaise à démarrer une entreprise et à former d’autres femmes comme elle

Récits

Vanessa

Le conflit qui déchire le Cameroun a poussé des milliers de personnes à fuir leur domicile et à s’installer dans le pays voisin, le Nigeria. C’est notamment le cas de Vanessa Mbahwei.

« La crise est tellement grave que nous étions toujours en train de chercher un lieu sûr. J’ai perdu mon frère à cause de cette crise. Trois de ses amis et lui ont été tués sur le chemin de la ferme. Je ne sais même pas où il a été enterré », raconte la jeune femme de 25 ans.

Vanessa a grandi dans une famille polygame de 13 enfants dans le village d’Ashong de la commune de Batibo, dans le Sud du Cameroun. Sa mère a eu huit enfants.

« Je n’ai pas eu une enfance facile, explique Vanessa. La polygamie n’est pas simple, et ma mère a dû s’occuper seule de tous ses enfants. »
Au Cameroun, ce sont traditionnellement les femmes qui s’occupent des enfants et de la famille. Bien des filles sont obligées de se marier à un très jeune âge. Vanessa, pour sa part, a dû se marier à 17 ans et, conséquemment, mettre fin à ses études secondaires.

« J’aurais préféré poursuivre mes études, mais je n’avais pas le choix », raconte-t-elle.

À son arrivée au Nigeria, Vanessa a été mise en contact avec le programme SKILLS de Cuso International, qui offre de la formation en création d’entreprises et en entrepreneuriat, ainsi que des cours professionnels et techniques. Le programme SKILLS, né d’un partenariat entre Cuso International et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), est venu en aide à près de 6 000 réfugiés et membres de leur communauté d’accueil au cours des trois dernières années.

En participant au programme SKILLS, Vanessa a pu acquérir les compétences nécessaires pour améliorer ses techniques de couture et préparer un plan d’affaires.

« Ce fut une superbe expérience. Leur aide m’a permis de lancer mon entreprise, qui va très bien, constate Vanessa. J’ai eu beaucoup de chance. Aujourd’hui, je suis formatrice pour le programme. »

L’objectif de Vanessa est d’ouvrir un plus grand centre de formation doté de tout l’équipement nécessaire, comme des machines à tisser industrielles. Elle souhaite également donner à ses enfants la possibilité de faire des études et aider les Camerounaises à mettre fin au mariage précoce.

« J’aimerais qu’on arrête de forcer les filles à se marier, explique Vanessa. Les femmes et les filles devraient avoir le droit de prendre leurs propres décisions concernant le mariage. »