Tout un village sous l’effet stimulant du café!
Récits
Depuis 10 ans, des cultivateurs tanzaniens améliorent le quotidien de leur famille grâce à la prospérité et à la stabilité du secteur du café.
Dans le village de Nyamuhunga, dans le Nord-Ouest de la Tanzanie, les familles agricoles subsistent généralement avec tout juste 1 $ par jour. Elles peinent donc à se nourrir et à s’offrir le nécessaire.
Jamie Kyles, un coopérant-volontaire canadiens qui a passé plusieurs mois dans la région depuis 2008, explique que la situation était tellement critique qu’une grand-mère lui a demandé de prendre sa petite-fille sous son aile pour la sortir de l’extrême pauvreté.
Aujourd’hui, la situation est complètement différente pour les centaines de familles agricoles de Nyamuhunga. Leur secret? Avec l’aide de Cuso International et de la Kolping Society of Tanzania, elles ont réussi à rentabiliser et à faire prospérer leurs activités dans le secteur du café.
« Leur réussite est impressionnante, souligne Jamie, qui les a aidées à déployer une stratégie commerciale au fil de ses affectations en Tanzanie. Dans le village de Nyamuhunga (près de Bukoba), 270 familles agricoles ont récolté les fruits de cette initiative. Depuis que leur situation économique s’est améliorée, la violence faite aux femmes a diminué, plus d’enfants fréquentent l’école, les gens sont mieux nourris et les familles peuvent s’offrir les médicaments et les soins de santé dont elles ont besoin. »
Si l’initiative a été réalisée dans le Nord-Ouest de la Tanzanie, Jamie précise que le projet a pris naissance lors de son affectation en Ouganda, en 2007, alors qu’il travaillait à l’élaboration d’une stratégie pour aider les petits exploitants agricoles ougandais avec l’African Fine Coffees Association (AFCA), connue alors sous le nom d’East African Fine Coffees Association (EAFCA).
« Ce fut une expérience d’apprentissage intense. Pendant quatre mois, j’ai appris auprès des plus grands experts du café de Kampala et de Nairobi (Kenya) », explique Jamie, qui a travaillé toute sa carrière comme ingénieur à Shell Canada. En Ouganda, il a rédigé un plan stratégique pour l’EAFCA.
L’AFCA décidera finalement de ne pas mettre en œuvre son plan. Mais Jamie n’avait pas dit son dernier mot! En 2008, lors de son affectation en Tanzanie, il met son expertise en affaires pour évaluer huit ONG de la région du Nord-Ouest, dont la Kolping Society of Tanzania.
« C’est lors de l’évaluation de la Kolping Society, dont la mission consiste notamment à améliorer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des cultivateurs du Nord-Ouest de la Tanzanie, que j’ai compris que cette organisation serait en mesure de concrétiser la stratégie », précise Jamie.
Dans les environs de Bukoba, les petits exploitants agricoles plantent souvent du café au travers de leurs plantations vivrières, mais les secrets de la culture du café s’étaient perdus au fil des ans pour des raisons politiques et historiques complexes. Résultat : le secteur du café avait du plomb dans l’aile. Mais Jamie était convaincu du potentiel d’un partenariat avec la Kolping Society et les cultivateurs de Nyamuhunga pour rendre ce secteur prospère et dynamique.
Jamie est donc retourné en Tanzanie en 2010-2011 pour travailler avec la Kolping Society et concrétiser son projet : une chaîne de valeur complète, des pratiques agricoles de base à la commercialisation internationale des produits. « En 2012, le projet était pleinement opérationnel, et tous les profits revenaient aux cultivateurs. En 2019, ils ont commencé à vendre sur les marchés internationaux. Grâce à une augmentation des récoltes de 300 %, leurs revenus ont connu une hausse de 500 %. »
D’après Jamie, plusieurs facteurs ont assuré la réussite du projet, dont un partenaire stable et fiable (Kolping Society) ayant la confiance des cultivateurs, des villageois déterminés ayant pris le projet en main, de même que son expertise commerciale et technique et celle des agronomes de la Kolping Society.
« Les cultivateurs avaient d’excellentes idées, mais peu de compétences en affaires. J’ai trouvé des moyens de rendre les projets durables à long terme », explique Jamie, ajoutant du même souffle qu’il a fallu plusieurs années pour convaincre les producteurs de vendre leur café à l’international parce que cela occasionne souvent un retard de paiement intenable pour eux. Avec un plan en main, ils ont décidé de prendre le risque. Une décision qui a eu d’incroyables résultats.
Pour Jamie, le travail effectué en Tanzanie a profondément transformé sa vie de jeune retraité de 50 ans de chez Shell. Il s’est retrouvé devant de nouvelles perspectives, y compris des mandats pour l’ONU dans plusieurs pays subsahariens. Il est aussi devenu bénévole au Club Rotary Victoria-Harbourside, en Colombie-Britannique, avec lequel il s’apprête à mettre en place un deuxième projet de culture de café près de Bukoba, en Tanzanie, en 2022. De plus, il a payé la scolarité de quatre enfants orphelins de Nyamuhunga.
« J’ai découvert de nouveaux horizons… et c’est extrêmement gratifiant, constate Jamie. Grâce au travail de Cuso International et de ses partenaires, des centaines de familles tanzaniennes ont de meilleures conditions de vie. C’est fabuleux. »