Joyeux 58e anniversaire, Cuso International!

Récits

Old photo of three people in field

Coup d’œil sur l’impact de Cuso International sur les communautés du monde entier depuis 58 ans et son influence durable sur ses coopérants-volontaires.

LES ANNÉES 1960 : nos débuts

L’un des plus beaux souvenirs de terrain de Lynn Graham est un événement survenu peu après son arrivée à Techiman, au Ghana, en 1964, en compagnie d’une autre coopérante-volontaire, Marlyn Horsdal. Le grand chef et son entourage, vêtus de leurs robes traditionnelles, vinrent les accueillir officiellement. Lynn et Marlyn reçurent de nombreux cadeaux, dont un poulet vivant, des œufs, des ignames, des bananes plantains et des fruits.

Lynn est alors parmi les premières coopérantes-volontaires de Canadian University Service Overseas (CUSO), comme on l’appelait alors. Fraîchement diplômée de l’Université Western Ontario, elle souhaite acquérir de l’expérience dans un autre pays et contribuer à la société à sa façon.

« Je n’avais aucune appréhension, se rappelle-t-elle. Plutôt une grande joie à l’idée de rencontrer des gens stimulés par des possibilités nouvelles. »

Ken MacKay s’est rendu au Ghana juste avant Lynn, de 1962 à 1964. Lui aussi se souvient de l’impact de sa première affectation. « Qu’est-ce que le Ghana voulait faire tout de suite après son indépendance? Augmenter le nombre de diplômés au secondaire. Ils ont donc construit 25 nouvelles écoles, mais ils n’avaient pas de professeurs et pas assez d’expatriés britanniques pour remplir les postes. C’est à ce moment que Cuso, les Peace Corps et VSO (Volunteer Service Overseas) sont entrés en scène. »

Comme le souligne Ken, Cuso a fait bien plus qu’envoyer des coopérants-volontaires. « Bien sûr, nous avons occupé les postes d’enseignants vacants, mais, ce faisant, nous avons amélioré l’accès à l’éducation de nombreux jeunes ghanéens. »

Ken et Lynn sont tous deux retournés au Ghana, où ils ont découvert des écoles dynamiques et d’anciens étudiants à la carrière florissante.

À son retour du terrain, Lynn a travaillé pour Cuso, d’abord comme adjointe à la direction des Programmes pour l’Afrique de l’Ouest, où elle supervisait les programmes du Nigeria, du Ghana et de la Sierra Leone. Elle est ensuite devenue directrice des comités locaux chargés du recrutement et de la sensibilisation à la mission de Cuso.

LES ANNÉES 1970 : une période de bouleversements et de défis

Les années 1970 furent une période de bouleversements et de défis dans l’univers du développement international. Au début de la Deuxième décennie des Nations Unies pour le développement, Cuso commence à recruter des professionnels expérimentés. Nos partenaires sur le terrain ont alors besoin d’un plus grand éventail de compétences techniques, en plus d’une expérience en développement communautaire.

David et Lynn Addleman se rendent en Papouasie‑Nouvelle‑Guinée (PNG) en 1973 à titre de médecin et d’infirmière. Ils y passeront deux ans, tout juste après la brève affectation de David en Ouganda, en 1971.

« Nous sommes arrivés à Wabag, une ville de 1 000 habitants construite autour d’une piste d’atterrissage, à l’été 1973. On y trouvait un centre de santé, une école secondaire, quelques organismes gouvernementaux et plusieurs missions, explique David. Nous étions le seul médecin et la seule infirmière de Wabag, mais nous avions des collègues à l’hôpital de l’Église adventiste du septième jour, à 10 km de chez nous, ainsi qu’à l’hôpital de l’Église luthérienne, à 20 km de la ville. À cette époque, la PNG était principalement administrée par les Australiens, et tous les cadres gouvernementaux, les directeurs d’école et les commerçants étaient des expatriés. »

David et Lynn sont récemment retournés en PNG. Ils ont remarqué d’énormes changements. « Partout où nous sommes allés, les Papouans‑Néo‑Guinéens étaient en charge. Nous étions les seuls Blancs des environs! »

Quarante ans plus tard, le modeste centre de santé où ils ont travaillé est devenu un hôpital bien équipé comptant huit médecins et autant d’infirmières. Jenny Leto, une infirmière que Lynn a formée, est devenue la directrice générale de l’hôpital de l’Église luthérienne!

L’année où David et Lynn quittent la PNG, la Déclaration de Dar Es‑Salaam engage Cuso à œuvrer en matière d’égalité et de droits de la personne, sur le terrain comme au Canada. De plus, les années 1970 ayant été déclarées Décennie des Nations Unies pour la femme, l’intégration de l’égalité homme-femme dans les approches de développement gagne en popularité. C’est à cette époque que les programmes précurseurs de Cuso en matière d’égalité homme-femme prennent forme.

LES ANNÉES 1980 : solidarité mondiale, action locale

Les années 1980 verront naître les premiers efforts de Cuso pour créer des liens entre des groupes du Canada et du Sud mondial qui partagent des intérêts similaires. Les citoyens du Sud avec lesquels Cuso travaille commencent à demander ce que l’organisation fait pour les gens comme eux au Canada.

Cuso ajoute alors une nouvelle dimension à son programme : créer des partenariats entre des groupes canadiens et internationaux qui œuvrent pour la justice sociale. L’un des premiers exemples est un programme mis en place en 1985, qui a mené à la coopération entre un syndicat saskatchewanais, le Grain Services Union, et SINITAB, le syndicat de travailleurs des plus grandes usines de transformation d’aliment du Mozambique.

LES ANNÉES 1990 : période de réussites et de transformations

Les années 1990 riment avec progrès, comme en témoignent les arrangements internationaux d’allégement de la dette et la Conférence d’Ottawa sur la signature du traité d’interdiction complète des mines antipersonnel. Des exemples qui prouvent que le plaidoyer peut donner des résultats concrets.

Mais cette décennie s’accompagne également de coupes importantes dans le financement que le gouvernement canadien consacre au développement, ce qui entraîne une diminution du nombre d’organismes de coopération volontaire comme Cuso.

Voluntary Service Overseas (VSO) prend racine au Canada en 1995.

LES ANNÉES 2000 : nouveaux modèles d’intervention

Une économie de plus en plus mondialisée et la diversification culturelle du Canada génèrent un intérêt nouveau pour les expériences internationales. L’objectif est désormais d’assurer des retombées positives pour les Canadiens et pour les populations des pays en développement.

En 2008, des compressions financières et une volonté d’efficacité, à l’étranger comme au Canada, poussent Cuso à fusionner avec VSO Canada.

LES ANNÉES 2010 : Cuso International

La fusion avec VSO prend fin en 2011, principalement en raison des nombreuses limites en matière de financement et de la complexité associée à la gestion des priorités de deux grandes organisations internationales. Le changement étant source de possibilités, les années 2010 sont l’occasion de lancer de nouveaux programmes et de nouvelles approches de coopération volontaire. Cuso commence notamment à recruter des coopérants-volontaires issus de la diaspora pour que ces Canadiens puissent retourner dans le pays de leurs ancêtres afin de donner au suivant.

De plus, des coopérants-volontaires peuvent désormais mettre leur expertise à profit en ligne et changer le monde sans quitter leur foyer. En 2018, les partenariats de coopération volontaire en ligne connaissent une expansion grâce à la participation de 9 universités canadiennes et de 169 étudiants de leurs étudiants. Jacqueline Musabende, professeure adjointe à l’École de commerce Bissett de l’Université Mount Royal, à Calgary, crée des liens entre ses étudiants et ceux de l’École de commerce de Chocó (Cámara de Comercio del Chocó), en Colombie. « C’est une expérience d’apprentissage inestimable pour les étudiants à plusieurs niveaux, de l’amélioration de leur connaissance des concepts au développement de leurs savoir-être. Le projet réveille leur curiosité et leur donne envie d’explorer le monde. Plusieurs comptent d’ailleurs se rendre en Colombie », explique-t-elle.

Un autre récent programme de Cuso a lieu ici, au Canada, avec des partenaires autochtones. En effet, Cuso collabore actuellement avec le Ma Mawi Wi Chi Itata Centre de Winnipeg, pour faciliter la prestation d’une trousse « Vérité et réconciliation », de même qu’avec des jeunes des régions de Beaufort-Delta, Decho, Tlicho et South Slave, aux Territoires du Nord-Ouest.

Décennies d’impact

Lynn Graham a récemment bouclé la boucle en devant membre du conseil d’administration de Cuso International. Cinquante ans après son retour du Ghana, elle constate les changements survenus au sein de l’organisation.

« On met davantage l’accent sur la formation et le transfert de compétences. Et je trouve qu’on concentre mieux nos efforts depuis qu’on mise sur des projets et des affectations dans trois secteurs clés, soit la communauté, la santé et les moyens de subsistance. Les Objectifs de développement durable de l’ONU agissent comme toile de fond. »

Bien qu’elle ne se soit pas impliquée directement dans l’organisation pendant des années, elle a continué à faire des dons à Cuso, sans jamais faillir. « Bien des coopérants-volontaires de la première heure ont eu de magnifiques carrières dans le milieu du développement, de la politique et des médias, notamment. Je suis prête à parier que chacun d’entre nous a été profondément transformé par son expérience sur le terrain, et que cela a ajouté une sensibilité internationale dans notre vie personnelle et professionnelle. »

Partagez votre histoire de coopération volontaire avec Cuso! Écrivez-nous à editor@cusointernational.org.