Il est temps d’avoir une conversation nationale sur le bénévolat
Récits

Par Nicolas Moyer
Le Canada est en train de perdre silencieusement la colle qui l’unissait autrefois : le travail bénévole.
Depuis des décennies, notre société — et les différents paliers de gouvernement — dépendent des bénévoles. Des endroits comme les hôpitaux, les banques alimentaires, les refuges pour sans-abri, les centres communautaires et les programmes qui desservent les jeunes, les aînés et les familles ne pourraient pas fonctionner sans eux.
Pourtant, le nombre de bénévoles diminue. Statistique Canada rapporte que seulement 44 % des Canadiens ont fait du bénévolat en 2022, comparativement à 53 % il y a une décennie. Le nombre d’heures données a chuté encore plus drastiquement.
Il y a quelques raisons pour ce déclin.
Premièrement, la génération qui a porté le fardeau du bénévolat pendant des décennies vieillit et s’épuise. Elle a fait sa part et est prête à passer le flambeau aux plus jeunes.
Deuxièmement, il y a le déclin de la religiosité. Dites ce que vous voulez sur l’importance de la religion aujourd’hui, mais une chose est claire selon les études : les gens qui fréquentent les services religieux donnent plus et font plus de bénévolat que ceux qui ne fréquentent pas ces services.
Troisièmement, l’évolution des valeurs sociales et l’essor des technologies numériques ont encouragé des comportements plus individualistes. L’engagement en ligne remplace souvent les engagements plus profonds, face à face, affaiblissant le sens de responsabilité collective qui attirait autrefois les gens vers un travail bénévole soutenu.
Finalement, la pandémie a frappé durement certains groupes sans but lucratif. Bénévoles Canada rapporte que 65 % des organismes de bienfaisance canadiens ont fait face à une pénurie de bénévoles en sortant de la COVID.
Le résultat? Une pénurie croissante de bénévoles. Cela se produit au moment même où les feux de forêt, les inondations, les pandémies, la pauvreté, la faim, l’itinérance et d’autres besoins augmentent.
Pour les groupes sans but lucratif et les personnes qui dépendent des bénévoles, c’est une crise qui se profile à l’horizon. Qui va nourrir les affamés et loger les sans-abri, et fournir bien d’autres services importants si la base de bénévoles disparaît? Que feront les gouvernements des trois paliers quand les organismes de bienfaisance fermeront par manque de bénévoles? Nous devons commencer à nous poser ces questions et chercher des réponses maintenant.
Le moment est bien choisi. En 2026, le monde soulignera l’Année internationale des bénévoles des Nations Unies. Le Canada a une chance de faire preuve de vrai leadership à la maison et à l’étranger en promouvant le bénévolat et en investissant dans des programmes et une infrastructure qui donnent aux gens la chance de faire du bénévolat pour faire de leurs communautés de meilleurs endroits où vivre. Et, en même temps, travailler avec et servir d’autres personnes qui ne leur ressemblent pas, des gens à l’extérieur de nos silos habituels qui voient le monde différemment, afin de promouvoir un sentiment plus profond d’identité canadienne.
Si cela n’arrive pas, nous risquons non seulement de faire défaut aux Canadiens qui dépendent des services fournis par des groupes qui soutiennent les bénévoles, mais aussi d’échouer en tant que pays qui croit aux valeurs d’équité, de solidarité, de communauté, d’équité et de durabilité. Mais si nous réussissons, nous pouvons bâtir un nouveau contrat civique — où le bénévolat n’est pas une arrière-pensée, mais l’épine dorsale d’une société préparée aux défis du siècle à venir.
Dans son livre Value(s): Building a Better World for All, le premier ministre Mark Carney soutient que les sociétés modernes ont confondu la valeur marchande avec les valeurs humaines — ce que coûtent les choses versus ce qu’elles valent. Ce déséquilibre a contribué à l’aggravation des inégalités, à la destruction environnementale, à l’instabilité financière et à la polarisation politique.
Pour bâtir un monde meilleur, dit-il, nous devons nous concentrer sur un nouvel ensemble de valeurs. Une de ces valeurs est le service par le bénévolat. C’est difficile d’y mettre un prix, mais nous savons à quel point c’est précieux — inestimable. Peut-être pouvons-nous tous travailler ensemble en tant que gouvernements et société civile pour aider le premier ministre à réaliser sa vision d’un réaménagement de nos valeurs en trouvant des façons de promouvoir et soutenir le bénévolat au Canada.