Colmater les brèches en éducation dans le Nord du Canada

Récits

Kim Quy Nguyen

Thi Kim Quy Nguyen est une volontaire de Cuso International à Fort Resolution, dans les Territoires du Nord-Ouest. Sa mission : convaincre les élèves de l’importance de l’éducation et les aider dans leurs études.

Kim, qui a récemment quitté le Vietnam pour immigrer au Canada, sait à quel point il est difficile de réconcilier le passé et le présent et de réparer les traumatismes et les injustices qui blessent et divisent les gens depuis des générations. Dans son pays d’origine, la population lutte encore et toujours avec l’animosité et les divisions laissées par la Guerre du Vietnam.

Malgré tout, Kim croit à la transformation et à la guérison. C’est cet espoir qui nourrit son travail d’aide-enseignante dans une école de la Première Nation Deninu Kue, à Fort Resolution, dans les Territoires du Nord-Ouest.

« Je pense qu’il est important de croire au pouvoir de la transformation. Les traumatismes passés sont là, mais nous avons aussi le pouvoir de changer les choses, explique Kim, qui a commencé son affectation en août 2021. Quand on croit au pouvoir de la transformation, on peut travailler ensemble pour permettre à ces communautés d’avancer et mobiliser tout le pays pour qu’il s’améliore à tous les égards. »

À Fort Resolution, Kim aide les enseignants à planifier leurs cours et accompagne certains élèves qui ont besoin d’un coup de main en mathématiques, en biologie et en anglais, par exemple. À son avis, l’un des éléments importants de son travail est de gagner la confiance des élèves pour qu’ils se sentent à l’aise de lui parler des difficultés qu’ils rencontrent à l’école et à la maison. L’assiduité scolaire est anémique. Pour tout dire, seulement le tiers des élèves inscrits fréquentent l’école régulièrement. De plus, bien des élèves manquent de motivation.

« Je voyais bien que l’une des élèves était très intelligente et avait de la facilité en mathématiques. Mais elle était souvent absente, ne remettait pas ses travaux à temps et ne faisait pas ses devoirs, explique Kim, qui détient un doctorat en éducation et qui a enseigné en Australie, au Royaume-Uni et au Vietnam. J’ai adapté mes méthodes de travail avec elle, car je savais que nous allions devoir passer du temps après l’école pour qu’elle fasse ses devoirs. »

Avec le temps, et après plusieurs rencontres de rattrapage après l’école ou à l’heure du dîner, Kim a tissé des liens solides avec son élève et a commencé à voir des changements s’opérer chez elle. Elle s’est mise à faire ses devoirs et ses travaux. Résultat : elle a réussi tous ses cours, obtenant même une excellente note en biologie.

« Cette expérience m’a beaucoup appris. J’ai mieux compris les tensions qui existent ici entre les familles et l’école, explique Kim. Il y a un déséquilibre. Et les deux parties doivent travailler ensemble pour offrir la meilleure expérience d’apprentissage aux élèves. »

Étant nouvellement arrivée au Canada, Kim dit que son expérience dans une petite communauté nordique lui a permis de mieux comprendre son pays d’accueil et les ramifications parfois complexes de son histoire. Les traditions culturelles et la beauté du Nord canadien l’ont émerveillée, particulièrement les aurores boréales dont elle ne s’est jamais lassée. « Ça nous rapproche de la nature et du divin », explique-t-elle.

Kim espère que les communautés nordiques recevront plus d’aide, particulièrement des enseignants, des écoles, de volontaires et d’organismes comme Cuso International.

« J’essaie toujours d’améliorer la communication entre les élèves et l’enseignant, mais je suis aussi consciente de mes limites. Comme le fait que je n’aie pas fait mes études secondaires au Canada, précise-t-elle. Mais je peux quand même parler de mon expérience et du fait que mes études m’ont permis de voyager à travers le monde. Je veux montrer aux élèves l’importance de l’éducation. »