Bâtir la confiance et l’avenir des Tanzaniennes

Récits

Verediana

Verediana vivait dans une peur constante, s’inquiétant pour son avenir et se demandant si elle vivrait à tout jamais dans la pauvreté. Comme ses parents, qui assuraient une maigre subsistance à leurs sept enfants grâce à leur petit lopin de terre. Fréquenter l’école ne faisait pas partie du plan de match pour Verediana et ses frères et sœurs.

Aujourd’hui âgée de 23 ans et élevant seule une fillette de 4 ans, Verediana risquait dangereusement de faire partie des sombres statistiques de la région de Shinyanga. Car, d’après le rapport 2015-2016 de l’enquête tanzanienne sur la démographie et la santé, 78 % des femmes mariées de 15 à 49 ans sont victimes de violence sexiste dans cette région. De plus, la région de Shinyanga établit également un triste record, avec 59 % des mariages précoces au pays

« Pour tout dire, les femmes et les filles ne peuvent pas décider de leur vie, explique Verediana. On s’attend d’elles qu’elles se marient très jeunes et qu’elles prennent soin de leur famille. »

Faisant de son mieux pour prendre soin de sa fille, Verediana se demandait si elle pourrait un jour réaliser son rêve de poursuivre ses études.

Déterminée à changer le cours de son destin, elle s’est inscrite au programme de Cuso International et de l’AGAPE Knowledge Open School (AKOS) pour terminer ses études secondaires.

L’AKOS vient en aide aux femmes, aux jeunes adultes et aux filles afin de promouvoir l’égalité homme-femme et l’inclusion sociale dans la région de Shinyanga. Pour y parvenir, cette école pas comme les autres mise sur :

1. la protection de l’enfance et de la jeunesse;

2. la prévention de la violence sexiste, des mariages précoces et des grossesses précoces;

3. l’éducation parentale;

4. l’autonomisation de femmes et de jeunes.

« Le programme aide à sauver des filles qui n’osaient plus rêver d’avenir pour différentes raisons, comme le mariage précoce, la violence sexiste, la grossesse précoce, la pauvreté et l’instabilité familiale », explique Verediana.

Aujourd’hui, la jeune maman reçoit de l’aide en plus de son éducation. L’AKOS lui fournit de la nourriture pour qu’elle puisse se concentrer sur ses études, du soutien au centre local d’apprentissage et des capsules vidéo pour l’aider à comprendre la matière.

Verediana apprend aussi l’anglais, chose qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir faire auparavant. Aujourd’hui, elle fait des présentations orales devant sa classe avec confiance et fierté.

« Dans ma communauté, les parents et les tuteurs ont aussi appris l’importance d’éduquer les filles et de ne pas les marier précocement. Et bien des filles ayant fréquenté l’AGAPE Knowledge Open School sont maintenant à l’université. Mon plan est de devenir pharmacienne et de défendre les droits des femmes et des filles », renchérit-elle.

Depuis qu’elle participe à ce programme, elle est plus décidée que jamais à montrer à sa fille qu’elle pourra elle aussi faire ses choix et poursuivre ses rêves. « Ma vie a complètement changé depuis mon arrivée ici, ajoute Verediana. Je ne m’inquiète plus sans arrêt. Je suis en paix. » Pour tout dire, elle est emballée par ses projets d’avenir et ceux de sa fille.

« Les femmes et les filles peuvent accomplir de grandes choses, constate-t-elle. Et je crois que j’ai le droit de réaliser mes rêves. Et je suis certaine qu’un jour, ce sera moi qui pourrai éduquer des filles et l’ensemble de la communauté. »