Au Pérou, l’agriculture urbaine aide les communautés à adopter un mode de vie sain dans un environnement sain
Récits
Les yeux rivés sur les généreux potagers et vergers du district de Villa Maria del Triunfo de la région de Lima, au Pérou, Gregoria se souvient du temps où ce terrain était laissé à l’abandon et rempli de détritus.
Aujourd’hui, le terrain regorge de cultures abondantes grâce auxquelles les cultivatrices peuvent nourrir leurs enfants et leur offrir une vie plus saine, tout en améliorant la situation environnementale.
Gregoria participe au projet Mujeres Unidas por la Seguridad Alimentaria y Ambiental (MUSA, ou Femmes unies pour la sécurité alimentaire en français) soutenu par Cuso International, qui a démarré en mars 2022.
Ce projet vient en aide à près de 350 cultivatrices (dont une quarantaine qui agissent à titre de formatrices auprès d’autres participantes) dans 9 districts de la région de Lima. C’est dans ce cadre que Cuso International collabore avec l’Université nationale d’agriculture La Molina, des municipalités et des organismes locaux ayant pour mission de promouvoir le développement durable et de lutter contre les changements climatiques.
Cette équipe de spécialistes, dont les volontaires de Cuso International, offre de précieuses formations en agriculture, en sécurité alimentaire et en nutrition, en plus d’encourager le partage de connaissances entre les femmes.
Les formations offertes abordent des sujets importants comme l’irrigation, la récolte efficace, le compostage, l’accès aux ressources locales (dont les semences) et la lutte antiparasitaire sécuritaire pour l’environnement.
Pour les cultivatrices comme Gregoria, l’impact de MUSA est incommensurable. « Maintenant, les résidents du coin respirent de l’air pur, explique-t-elle. Nous prenons soin de l’environnement, et il n’y a plus de déchets et de mouches. C’est bénéfique pour les familles parce que manger des produits biologiques améliore leur qualité de vie et leur santé. »
Gregoria est aussi encouragée par le fait que la prochaine génération commence à s’impliquer dans le projet, qui poursuivra donc la tradition de cultiver des aliments biologiques et de préserver l’environnement.
« Nous voulons que nos enfants participent, raconte Gregoria. Nous avons conclu une entente avec les cultivatrices. Nous devons avoir trois à quatre personnes de moins de 25 ans qui participent au programme par arbre fruitier. Les jeunes peuvent ainsi découvrir ce que nous faisons et décider ce qu’ils et elles veulent faire plus tard. »
Pour Victoria, une cultivatrice du district de Villa El Salvador, le potager urbain fut l’occasion de tisser des liens solides avec les membres de sa communauté. « Le jardin communautaire est un lieu extraordinaire d’apprentissage, de socialisation et d’autonomisation des femmes, explique-t-elle. Nous apprenons à cultiver des légumes sans pesticides et produits chimiques. Nous sommes heureuses et fières de nos résultats. »
Victoria utilise aussi ses nouvelles connaissances pour aider ses voisines à cultiver des potagers plus productifs dans leur petit potager urbain. « Celles qui n’ont pas de potager utilisent des contenants recyclés, précise-t-elle. Tout ce qui compte, c’est qu’elles cultivent leurs propres légumes de façon saine. »
Lola, qui cultive aussi son potager dans le district de Villa El Salvador, est heureuse de voir une végétation luxuriante pousser là où jadis s’accumulaient les détritus. « Les potagers sont des espaces verts dans la ville, et nous en manquions cruellement dans le district de Villa El Salvador, raconte-t-elle. Le plus important, c’est que nous apprenons à produire nous-mêmes notre nourriture. »
Participer à ce projet de potager urbain lui donne un sentiment d’autonomie, car elle contribue directement à la lutte à l’insécurité alimentaire et aux changements climatiques. « Quoi de mieux que de cultiver son potager et de transmettre ses connaissances aux autres femmes afin qu’elles nourrissent leur famille grâce à la culture maraîchère? », demande-t-elle.
De plus, le projet l’a aidée à changer sa façon de penser et de voir les choses. Elle voit maintenant le potentiel de culture, peu importe l’espace disponible! « Ces potagers urbains, communautaires et familiaux sont une bonne façon de faire découvrir aux gens qu’on n’a pas besoin d’un grand espace pour cultiver la terre, explique Lola. Même avec de petits contenants recyclés, on peut avoir un petit potager à la maison. »
Devant le succès de leurs potagers, elle voit désormais l’avenir d’un bon œil. Elle est également déterminée à contribuer à la continuité du projet. « La communauté et les participantes travaillent à rendre ce projet durable à long terme parce qu’elles en comprennent l’importance », conclut-elle.
Gregoria est du même avis que Lola concernant les potagers de son district. « L’endroit est d’un vert éclatant de mai à septembre », explique-t-elle en ajoutant qu’elles laissent la terre se reposer une fois la récolte terminée. Mais leur travail ne s’arrête pas pour autant! Entre les saisons de production agricole, Gregoria et les autres cultivatrices préparent des semis et décident qui s’occupera des vergers.
Peu importe la saison, Gregoria adore l’entraide et la solidarité qui se manifestent entre les cultivatrices et les quartiers avoisinants. « Nous avons aidé des gens qui ne savaient pas comment manger sainement et équilibrer leurs repas. C’est ce qui me procure la plus grande satisfaction, précise-t-elle. Je remercie Cuso International pour le projet MUSA. MUSA m’a appris à promouvoir l’agriculture urbaine. J’apprends de nouvelles choses tous les jours et je partage tout ce que j’apprends. »