Un programme pour l’égalité des femmes offert dans les écoles éthiopiennes permet à Sebrina d’envisager des études en droit
Récits
Au printemps dernier, Sebrina est monté sur la scène pour recevoir son diplôme sous les applaudissements nourris de sa famille, et ce, malgré ses débuts difficiles au secondaire. « C’est un grand jour pour nous, explique la jeune femme de 18 ans. Ma famille est vraiment très heureuse. »
Pour Sebrina et d’autres jeunes filles de la région éthiopienne de Benishangul-Gumuz, obtenir un diplôme d’études secondaires n’est pas une mince affaire. En effet, les filles sont beaucoup moins susceptibles de fréquenter l’école secondaire ou de terminer leurs études en raison des obstacles sociaux, économiques et culturels qui se dressent devant elles. Ces difficultés accrues d’accéder à l’éducation et au milieu du travail relèguent trop souvent les femmes et les filles au travail domestique ou non rémunéré, limitant du même coup leur rôle dans leur famille et leur communauté.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le programme Les filles aussi. Ce programme soutenu par Cuso International offre du matériel scolaire, de la formation et de l’aide financière aux étudiantes pour qu’elles se concentrent sur leurs études et s’accomplissent sur le plan personnel et professionnel.
Ce programme ciblé répondait parfaitement aux besoins de Sebrina, qui tirait de l’arrière dans ses études en raison de ses responsabilités familiales. Malheureusement, sa maison a été détruite dans les conflits ethniques qui déchirent la région. Ses parents ont dû trouver refuge dans un camp de déplacés, pendant que Sebrina et ses deux petits frères s’installaient en ville. C’est donc elle qui avait la charge complète des deux garçons. Au départ, ses parents hésitaient à l’autoriser à s’inscrire au programme Les filles aussi et à se consacrer entièrement à ses études. Sa famille avait besoin des revenus qu’elle tirait du travail de cuisinière et de femme de ménage qu’elle effectuait après l’école.
Heureusement, le programme a été conçu pour lutter contre ce genre de réaction. En plus d’aider directement les étudiantes, le programme Les filles aussi sensibilise les enseignants, les administrateurs scolaires, les fonctionnaires du ministère de l’Éducation et d’autres intervenants à l’importance de l’égalité des genres et de l’inclusion sociale. Son objectif : favoriser de vastes changements sociaux dans la région de Benishangul-Gumuz. À ce jour, plus de 6 500 parents, tuteurs et membres de la communauté ont obtenu de l’information sur les obstacles à l’éducation des filles et à l’égalité des genres, dont la famille de Sebrina. « Cela a grandement contribué à les faire changer d’avis sur la question », souligne Sebrina.
Pendant ses études, Sebrina a développé plusieurs centres d’intérêt. Au départ, elle souhaitait devenir médecin pour aider les femmes qui ne se sentent pas toujours à l’aise de discuter de leurs problèmes de santé avec un homme. Or, cette gêne peut avoir des conséquences dévastatrices. Sebrina en a d’ailleurs été témoin dans son village, où des femmes sont décédées en donnant naissance à leur enfant.
Mais ces derniers temps, son cœur penche plutôt vers le droit. « J’aimerais vraiment défendre les droits des gens, explique-t-elle. Je veux aider les femmes à obtenir justice. »
Depuis ses débuts en 2019, le programme Les filles aussi a aidé directement plus de 400 filles et jeunes femmes de 15 à 25 ans à fréquenter l’école et à terminer leurs études secondaires. Ce programme est offert dans sept écoles secondaires de la région de Benishangul-Gumuz, en partenariat avec le Bureau régional de l’éducation de la région et l’Institute of International Education. Cuso International prévoit que plus de 90 % de ces bénéficiaires directes feront des études universitaires à la fin du programme.