Défendre les droits des femmes au Pérou : « Lorsqu’on parle à l’unisson, nos voix portent davantage »

Récits

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Susana Valerio est bien placée pour comprendre l’importance des organismes de défense des droits des femmes au Pérou. « Avant, je ne réalisais pas que j’étais maltraitée et que je pouvais améliorer ma vie et celle de mes enfants », raconte-t-elle.

Lorsqu’elle est entrée en contact avec le Movimiento Manuela Ramos (MMR) – un organisme qui cherche à mettre fin à la violence faite aux femmes, à promouvoir les droits et la santé sexuelle et reproductive des femmes et à accroître la participation des femmes à la prise de décisions – Susana a découvert qu’un réseau complet était prêt à lui venir en aide.

D’après un rapport de l’Institut de la statistique et de l’information du Pérou, plus de 68 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi une forme de violence sexiste en 2016. Plusieurs facteurs contribuent à ce triste bilan : le déséquilibre des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes au sein des familles et des communautés; les stéréotypes socioculturels axés sur la dominance masculine; et la grande tolérance à l’égard de la violence, notamment.

Dans une société patriarcale et machiste comme le Pérou, ce sont les organismes féministes qui ont le courage de remettre en question les rôles traditionnels, de promouvoir des lois favorisant l’égalité des chances, de dénoncer la violence faite aux femmes et d’encourager les femmes à croire que tout est possible, peu importe leur sexe ou leur identité, parce qu’elles ont des droits », explique Susana Galdós, fondatrice du MMR et membre du conseil d’administration de Cuso International.

Cuso International collabore avec des groupes de femmes du Pérou dans le cadre du Programme sur la voix et le leadership des femmes afin de consolider le mouvement féministe national dans ce pays.

En plus du MMR, Cuso International travaille avec l’Estudio para la Defensa de los Derechos de la Mujer (DEMUS), le Flora Tristán et l’Organización Nacional de Mujeres Andinas y Amazonicas (ONAMIAP). Le gouvernement canadien, quant à lui, contribue au projet à hauteur de 5 millions de dollars sur 5 ans.

« Nous travaillons tous dans le même sens. Nous cherchons tous à défendre les droits des femmes et des filles, explique Glenn Mifflin, chef de la direction de Cuso International. Ce projet réunira les organismes féministes les plus importants du pays. Et lorsqu’on parle à l’unisson, nos voix portent davantage. »

Malgré l’opposition rencontrée par le mouvement féministe au Pérou, le travail acharné et constant de ces organismes et de leurs pairs suscite le changement. Récemment, une loi a fait de la lutte à la violence faite aux femmes l’un des sept priorités politiques du pays. De plus, le nombre de centres pour femmes a doublé et les publicitaires sont désormais tenus d’éviter les publicités sexistes.

« Ce travail est inestimable, explique Tania Guilbert, une coopérante-volontaire affectée auprès du MMR. Il donne plus de visibilité au mouvement féministe. »

Le Programme sur la voix et le leadership des femmes poursuivra sa lutte pour transformer et remettre en question les normes culturelles et sociales établies, mettre fin aux inégalités et aux disparités subies par les femmes, éliminer la violence sexiste et accroître la participation des femmes à la prise de décisions.

« Collaborer étroitement avec d’autres organismes nous permet de nous entraider, ce qui nous donne la force nécessaire pour promouvoir le changement et obtenir des résultats, explique Carmen Espinoza, directrice générale de MMR et ancienne employée de Cuso International. Après des années de travail acharné, nous avons enfin été entendues. C’est maintenant une source de fierté d’être féministe au Pérou. »