Travailler de concert avec les communautés autochtones honduriennes

Récits

Woman and man smiling

À l’ombre des majestueux temples mayas, une soixantaine de personnes sont réunies pour accueillir quatre prêtresses (ou guérisseuses, comme certains préfèrent les appeler). Vêtues de leur costume traditionnel aux couleurs vives, elles tracent les quatre coins cardinaux et un cercle sacré au sol avec un feu en son centre. Leur geste symbolise le monde, l’unité et la paix pour tous les peuples.

Lorsque les gens se réunissent pour des événements spéciaux, les femmes de la nation Maya Chorti sont invitées à célébrer des cérémonies pour demander au créateur et aux ancêtres de les aider à accomplir leurs tâches.

Daniel Bagheri Sarvestani, un coopérant-volontaire de Cuso International, travaille à Copán, au Honduras. Il a appris à connaître ces fameuses prêtresses mayas et à les inviter lors d’événements communautaires auxquels il participe afin qu’elles animent des cérémonies.

« Les guérisseuses ont une connaissance profonde de la nature et de l’environnement. Elles savent quoi utiliser pour guérir les gens, elles possèdent ce savoir précieux, explique Daniel. Pour moi, les inviter à célébrer des cérémonies, à donner des conférences et à organiser des activités est une façon d’honorer leurs savoirs et de créer des liens solides avec la communauté. Je m’efforce de créer un pont pour mieux nous comprendre. »

Daniel est originaire de Caledon, en Ontario. Ce défenseur des droits des Autochtones travaille depuis plus d’un an avec l’OCDIH (Organismo Cristiano de Desarrollo Integral de Honduras ou Organisme chrétien de développement intégré du Honduras, en français).

« J’ai la chance de travailler avec la nation Maya à Copán, ce qui est une occasion unique qui n’est pas donnée à tout le monde, ajoute-t-il. C’est une expérience qui va dans le sens du travail que j’ai effectué auprès de nations autochtones au cours des cinq dernières années, et de mon objectif de vie, qui est de promouvoir les droits de la personne et les droits des peuples autochtones. »

Daniel a commencé son affectation en faisant de la recherche et en élaborant des plans stratégiques pour soutenir les démarches de la communauté pour les 10 prochaines années. Ses plans mettent l’accent sur le droit à la terre, l’éducation, les politiques discriminatoires et l’accès aux services de santé. La promotion des droits et de la culture autochtones, ainsi que des droits des femmes autochtones, est au cœur de sa mission.

« Les droits des femmes sont étroitement liés aux droits des Autochtones, souligne-t-il. En travaillant avec les femmes de la communauté, nous les aidons à promouvoir les savoirs traditionnels transmis de génération en génération. »

Daniel participe à plusieurs projets, dont EuroJusticia, qui vise à contrer la violence conjugale. Ce projet, qui est financé par l’Union européenne et mis en place par l’OCDIH, atteindra près de 600 personnes dans 50 à 80 villages. Près de 60 % des femmes qui recevront de l’aide par l’entremise de ce projet seront des Autochtones. Grâce à EuroJusticia, des femmes pourront se réunir en lieu sûr et partager leurs expériences. Les sujets les plus souvent abordés par les participants sont la violence conjugale et familiale et le manque de soutien.

« Les femmes autochtones sont touchées de façon disproportionnée par la violence conjugale. En plus des problèmes systémiques d’accès à la justice observés dans les communautés autochtones, les femmes n’ont pas de lieu pour discuter de ce qu’elles vivent, constate-t-il. La culture machiste propre aux milieux ruraux fait en sorte que l’on voit d’un très mauvais œil que les femmes se réunissent et dénoncent les injustices qu’elles subissent. »

Cuso International et l’OCDIH s’unissent également pour aider les femmes à créer des microentreprises pour vendre leurs produits, comme des médicaments naturels, des poupées décoratives, des pâtisseries, de la poterie traditionnelle et du tissu tissé à la main.

Ces microentreprises sont gérées et dirigées par plusieurs femmes du village selon le modèle des coopératives. Elles partagent un espace commun appel le jardín de mujeres (le jardin des femmes). Chaque femme a son petit espace dans la boutique pour ses produits.

« Comme les femmes sont généralement privées de leur droit à la terre, ces microempresas sont souvent l’une des rares sources de revenus qui leur sont accessibles. C’est donc très important pour elles, explique Daniel. Bon nombre de ces femmes élèvent leurs enfants seules, cette source de revenus est donc essentielle pour nourrir leur famille et envoyer leurs enfants à l’école. »

Cette affectation a profondément marqué Daniel. « Je suis plus déterminé que jamais à promouvoir les droits de la personne et à défendre les pauvres et les opprimés, explique-t-il. Mon travail avec la nation Maya m’a permis de mieux comprendre les difficultés rencontrées par les nations autochtones en Amérique centrale et de constater les conséquences d’une répression politique et économique systématique sur la population. »

Nous espérons de tout cœur que vous ferez un don sans tarder pour nous aider à envoyer notre prochaine cohorte de coopérants-volontaires sur le terrain, où ils participeront à des projets porteurs et novateurs.