En RDC, des parents et des praticiens constatent l’amélioration des soins maternels

Récits

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En entrant dans la maternité de l’hôpital de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), Bénédicte Lekulan gayi a tout de suite vu que quelque chose avait changé.

« Lorsque j’ai accouché la première fois, il y a deux ans, je n’étais pas traitée affectueusement. Les choses sont différentes cette fois-ci, constate la mère de deux enfants. Ils prennent soin de nous et nous disent de manger quand nous avons faim. Même les salles de bain sont plus propres. J’admire vraiment les efforts qu’ils font. »

Depuis le début du projet MSL (Les Sages-femmes sauvent des vies) en 2016, plus de 250 sages-femmes de la région de Kinshasa ont suivi une formation sur les soins maternels respectueux.

Les sages-femmes Agnès et Brigitte.

Cet atelier de trois jours sur les droits des patients et la compassion dans les soins est le résultat d’une collaboration entre Cuso International, l’Association canadienne des sages-femmes, le ministère de la Santé de la RDC et la Société congolaise de la pratique sage-femme.

La sage-femme Agnès Bitshilualua a effectué un nombre incalculable d’accouchements pendant ses 20 ans de carrière. Cette mère de 8 enfants a constaté des changements importants dans l’attitude des professionnels de la santé. « Avant, nos droits en tant que mère n’étaient pas toujours respectés. Si l’on demandait quelque chose, les sages-femmes nous ignoraient, souligne-t-elle. Cette formation nous a permis de comprendre que les femmes qui accouchent ont des droits et que nous devons les respecter. Chaque fois que je pose un geste, je dois demander à la mère si elle est d’accord. Si elle refuse, j’arrête. »

La Dre Mamisa Kachelewa, qui travaille à la Clinique mère-enfant de Bahumbu, dans la région de Matete, affirme que cette approche axée sur les droits de la mère a un effet direct sur les soins offerts aux patientes. « Nous ressentons l’impact de cette formation, souligne-t-elle. Les sages-femmes sont plus patientes à l’égard des mères. »

Au moment où elle prononce ces paroles, une sage-femme part à la recherche d’un interprète pour expliquer comment prévenir une hémorragie à une immigrante nigériane qui ne parle qu’anglais. Une deuxième sage-femme installe un rideau pour assurer l’intimité d’une patiente, tandis qu’une troisième discute avec une jeune mère de 18 ans qui tient son premier enfant dans ses bras. Comme les mères racontent leurs expériences positives, le nombre de mères qui accouchent à l’hôpital ne cesse d’augmenter.

Lorsque les sages-femmes ont accès aux ressources et à la formation nécessaires pour faire leur travail, tout le monde en profite. Données collectées 2016-2020, RDC.

« Lorsque j’ai accouché de mon premier enfant, il y a huit ans, les sages-femmes réprimandaient les mères et ne permettaient pas aux proches d’apporter de la nourriture dans la maternité, explique Noëlla Gbangwa. Cette fois, j’ai été bien accueillie. Il y a toujours quelqu’un qui me dit que je peux faire ce que je veux. Si j’ai d’autres enfants, j’accoucherai ici. »

Les femmes et les bébés ne sont pas les seuls à en profiter. Les pères aussi jouent un rôle plus actif. « Avant, on croyait que le travail de la mère durerait plus longtemps si le père était présent, et qu’il fallait la laisser tranquille pendant l’accouchement », explique Dally Ngyama, un infirmier et conseiller en santé.

La Journée internationale de la sage-femme, 2019.

Lorsque sa femme est tombée enceinte de leur deuxième enfant, il a décidé de s’impliquer davantage. Il s’est présenté aux rendez-vous, a écouté les médecins et accom – pagné sa femme pendant l’accouchement. L’expérience a transformé sa vision des soins prénataux.

« Ce n’était pas facile, mais tout le monde me disait de ne pas avoir peur. J’ai parlé à ma femme pendant tout l’accouchement. J’ai adoré pouvoir être présent pour elle. J’ai pu la voir donner naissance à un magnifique garçon, explique-t-il. Depuis ce jour, je dis aux pères qu’il est important de vivre la grossesse et l’accouche – ment ensemble, dès le premier suivi prénatal. C’est dans leur intérêt de savoir ce qui se passe et de bien se préparer à l’arrivée de l’enfant. »

Le projet MSL est une initiative sur quatre ans ayant lieu au Bénin, en RDC, en Éthiopie et en Tanzanie. Dirigé par Cuso International en partenariat avec l’Association canadienne des sages-femmes et des associations locales, le projet contribue à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale en améliorant l’offre et la demande de services de santé et en con – solidant le travail des associations de sages-femmes. MSL est financé par le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

Par Ruby Pratka, conseillère en communication, coopérante-volontaire du projet MSL