Un projet d’agriculture durable pour l’autonomisation et la sécurité alimentaire des femmes handicapées

Récits

Hanah-Gale

Devant la hausse constante du coût des aliments en Jamaïque, Hanah-Gale Fyffe a décidé d’apprendre à cultiver un potager et d’acquérir des compétences pour devenir autonome financièrement.
La nourriture coûte cher en Jamaïque, où une grande part des denrées sont importées. Si de nombreux fruits et légumes poussent localement, la plupart des aliments sont importés en raison d’accords commerciaux avec d’autres pays. La hausse fulgurante du prix de l’essence a également contribué à l’augmentation du prix des aliments au cours de la dernière année.
Hanah-Gale a grandi à Golden River, un hameau au sud-ouest d’Above Rocks, dans la paroisse de Saint Andrew. La jeune femme de 20 ans considère avoir eu une belle enfance, malgré les difficultés liées à son handicap intellectuel. Mal comprise par le personnel enseignant et intimidée par ses camarades de classe, elle avait de mauvaises notes à l’école.
Comme elle vivait dans un petit hameau, elle devait parcourir de longues distances pour se rendre à son école secondaire. Elle avait peu d’amis, était très réservée et parlait à peu de gens. Mais elle adorait jouer au Dandy-Shandy (la version jamaïcaine du ballon-chasseur), au cricket, aux billes et au football. Elle jouait d’ailleurs souvent avec ses frères.
Sa situation a changé du tout au tout lorsqu’elle a entendu parler du Women’s Empowerment through Sustainable Farming Project de l’Abilities Foundation. Cette initiative d’un partenaire de Cuso International offre à des femmes handicapées des possibilités de travail et de formation, en insistant tout particulièrement sur l’agriculture comme moyen de subsistance.
Pendant la formation de six semaines, les participantes acquièrent les rudiments de l’agriculture de subsistance afin d’assurer leur sécurité alimentaire et celle de leur famille. Elles visitent également des marchés pour découvrir comment vendre leurs surplus. De plus, elles apprennent à ouvrir et gérer un compte bancaire.
« C’est transformateur pour les participantes, explique Tameka Hector-Boyd, conseillère en programmes chez Cuso International. Elles ne veulent pas que ça finisse! »
Grâce à ce programme, Hanah-Gale a appris à démarrer un petit potager à la maison, à gérer ses finances et à vendre ses surplus.
« Je suis fière de vendre mes légumes au marché fermier et de gagner de l’argent, explique Hanah-Gale. Le programme enseigne aux femmes handicapées à devenir indépendantes et à lancer leur entreprise. Si ce programme n’existait pas, je n’aurais pas eu la chance d’apprendre à cultiver un potager. »
Depuis sa participation au programme, Hanah-Gale a beaucoup plus confiance en ses capacités. Faire partie de ce projet l’a aussi aidée à postuler à des emplois et à étoffer son curriculum vitæ. Elle suit d’ailleurs une formation pour un emploi potentiel.
« Je suis fière de moi », ajoute Hanah-Gale, qui a maintenant de nombreux objectifs. Elle souhaite notamment démarrer une petite entreprise agroalimentaire et s’acheter une maison et une voiture.
« Ce programme est très important pour les femmes handicapées, car il nous aide à démarrer une entreprise agricole et à gérer notre argent. Je pense qu’on devrait continuer à soutenir des projets comme celui-ci parce qu’un grand nombre de femmes et d’hommes en situation de handicap ont besoin d’aide », conclut-elle.