Un projet d’agriculture durable à la rescousse de femmes handicapées en Jamaïque

Récits

A Black woman with a floral shirt and a mask smiling at the camera

Cultiver une société en santé, c’est un peu comme cultiver un potager. Il faut que les conditions gagnantes soient au rendez-vous. Beyone Buckley a trouvé ces conditions gagnantes grâce au Women’s Empowerment through Sustainable Farming Project de Portmore, en Jamaïque.

« Comme j’ai un handicap intellectuel, j’ai de la difficulté à trouver du travail », explique Beyone. Or, Beyone rêvait depuis toujours d’être indépendante et de gagner sa vie.

Malheureusement, la vie n’a pas fait de cadeaux à cette femme de 20 ans. Dans sa jeunesse, elle a subi de la négligence et de l’abus en raison de son handicap intellectuel. De plus, elle a été séparée de ses parents à un très jeune âge.

« Mes parents m’ont confiée à ma grand-mère parce qu’ils ne pouvaient pas prendre soin de moi », ajoute-t-elle en précisant qu’ils venaient la voir de temps à autre. En vieillissant, elle s’est rendu compte qu’elle aurait du mal à se trouver un emploi.

Lorsqu’elle a entendu parler du Women’s Empowerment through Sustainable Farming Project, un programme qui donne aux femmes handicapées l’occasion d’apprendre à cultiver des fruits et légumes, Beyone a décidé de s’y inscrire.

Elle fait partie des 30 participantes du programme dirigé par Cuso International et ses partenaires locaux (Abilities Foundation, Women’s Centre Foundation of Jamaica, Agence de services à la famille et à la protection de l’enfance de la Jamaïque, Centre de redressement et de détention juvéniles South Camp et Dress for Success), qui offre des formations essentielles aux femmes à risque âgées de 15 à 29 ans.

Le programme contribue à la sécurité alimentaire des participantes et de leur famille en leur apprenant à faire de la culture hydroponique et à cultiver efficacement leur cour arrière. Cette année, le programme a été bonifié afin de fournir aux participantes le matériel nécessaire pour cultiver leur potager à la maison, y compris de l’équipement et des semences. Beyone, pour sa part, a déjà réussi à cultiver des poivrons.

« Ça me rend heureuse de savoir qu’il existe des projets comme ça et que quelqu’un comme moi puisse y participer. Ça me permet de croire que je sers à quelque chose, explique Beyone. Je ne savais rien de la sécurité alimentaire et des potagers résidentiels avant. Je dépendais donc des autres pour me nourrir. Maintenant, je sais comment cultiver un potager et aider ma grand-mère. »

Leurs fruits et légumes récoltés, les participantes peuvent décider de les consommer ou de les vendre pour gagner un peu d’argent. D’ailleurs, Beyone a appris, dans le cadre de ce programme, comment vendre ses récoltes dans un marché fermier local, de la récolte à l’emballage en passant par la pesée et la fixation des prix.

L’incompréhension à l’égard des personnes avec un handicap intellectuel a rendu la vie de Beyone plus difficile, à la maison comme dans la communauté. Mais grâce au Women’s Empowerment through Sustainable Farming Project, elle a acquis de nouvelles connaissances ainsi qu’une solide confiance en elle et en sa valeur.

« Le programme m’a permis d’être fière de moi, car je peux maintenant cultiver mon potager pour me nourrir, ajoute Beyone. J’ai aussi pu payer les frais de ma demande de carte d’identité grâce à mon allocation. Je n’ai jamais eu de carte d’identité avant. Je peux désormais m’ouvrir un compte de banque! Je suis super heureuse! »